Editions du Cygne - Gris de peine
Chers amis
2024 s'enfuit, 2025 arrive, souhaitons-la heureuse, plus lisse, plus humaine !
Je vous embrasse fort et vous convie dès le 6 janvier à mon expo IMAGINE (Imagine un meilleur monde...) qui aura lieu dans l'espace Bulle de l'hôpital Henri Mondor à Créteil.
L'adresse : 1 Rue Gustave Eiffel, 94000 Créteil.
Métro : ligne 8, arrêt Créteil-L'Echat.
Plus d'une vingtaine d'oeuvres (peinture à l'huile) y seront présentées.
Sarah
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Les visions pessimistes et désabusées l’emportent souvent sur l’espé-rance. « Rien ne fait désormais plus grâce à mes yeux », « Ma douleur est si grande, le froid est sec », « La partie est perdue…La mort inéluctable a joué en retour… ». Alors, que faut-il faire ? « Il faudra rallumer les réverbères d’antan. Déceler les mystères des liens, du sang. Creuser l’abcès et dénoncer le blâme. Qui affecte encore et toujours nous menace. ».
« À quoi sert la poésie. Si ce n’est de cheminer vers le rêve ». Beaucoup de sensibilité. À découvrir !
Éditions du Cygne. 2024.
Couverture et dessins de l’auteure.
Préface de Maggy de Coster. 62 pages. 12 €.
Sarah Mostrel
Gris de peine. Avec les dessins de l’autrice. Préface Maggy De Coster.
Éditions du Cygne, septembre 2024 (60 p., 12 €)
En tant qu’artiste peintre, Sarah Mostrel illustre ses poèmes par des dessins en gris de Peyne ; la poétesse, elle, transforme le gris de la peine d’être en nuances, décomposant ainsi son rapport au monde en un éventail de ressentis, du sombre à la lumière, du rejet à la volonté de vivre, de la répulsion, au désir de beauté et de rêve. Au fond, tout est devenir, impermanence et éphémère, nous chuchote-t-elle, l’être n’est qu’une ligne d’horizon : « Vis et deviens / Ce que tu es / Ce que tu seras », le but n’est qu’un simple repère, même s’il nous semble immuable : « Cherche l’étoile / Ne perds pas le Nord »… (p. 12). Évidemment, la permanence n’est pas de ce monde, semble-t-elle se répondre à sa propre question ; « La neige n’est pas éternelle / En témoigne le sombre dérèglement en cours » (p. 46). Surtout, le jeu du devenir devient mécanisme d’emprisonnement, « engrenage » (l’un des mots-clés du recueil) : « une roue tourne en rond, le monde ne vas pas rond » (p. 43). Mais il y a une conscience que la poétesse appelle « La responsabilité », qui veille au milieu de cette ronde sans fin… et qui empêche qu’on succombe à la tentation de tout occulter, de détourner le regard, de tout faire sombrer dans l’indifférence et l’oubli, « Les souvenirs enfreints / L’indicible qu’on tait / pour ne pas affronter l’extrême violence » (p. 23).
Il me semble alors dénicher, dans le débat intérieur qui s’enclenche, une révolte camusienne, lucide et sans illusion, d’autant plus déterminée qu’elle ne se laisse pas embarquer par des chants de sirènes de quelque bord qu’ils soient. Les poèmes que j’ai sélectionnés ici sont de cette veine, puissante et tonifiante en dépit du désarroi apparent, car des choix capitaux sont appelés à se dessiner, ici et maintenant, « à la bonne page / Celle qui marque le présent », pour façonner « la fin prometteuse » du livre… où « le but s’éclaircit » (p. 56) : l’on y voit comme une suggestion de séparation du gris, en noir et en blanc…
L'hélice de l'existence tourne en rond
Pas d'arrêt possible dans l'engrenage engagé
En heurs et en lieux
Les temps modernes ont emporté l'engouement des cieux
Face aux débats houleux
Une place vide
Incertaine
Que choisira le peuple infortuné ?
Le silence a pris la place de l’infini
L’irréel a apporté son lot de sève
Pour convaincre les indécis
À quoi sert la poésie
Si ce n’est de cheminer vers le rêve ?
Réhabiliter le verbe
Dire, écrire, combler les non-dits
Taire le silence
Le changer en murmures, en cris de survivance
À cela sert la poésie
Rebondir
Sauter sur le tremplin des anciennes lunes
Les ancêtres sont de remarquables modèles à suivre
Sur le totem déconstruit cependant
On oublie les origines
À quoi bon discourir ?
La peur domine
L'avenir en réserve est en chemin
Il est inscrit dans la pierre
Dans la tombe
Dans le bois brûlé de l'antique tradition
Plutôt cacher l'inexorable que de révéler l'intranquillité
Implacable est la clé de l'angoisse, secrète
Rien ne sert, pardieu, de faire quelque conteste
Le spectre du fautif rode autour des ténèbres
Il faudra rallumer les réverbères d'antan
Déceler les mystères des liens, du sang
Creuser l'abcès et dénoncer le blâme
qui affecte encore et toujours nous menace
Encore un matin
Que je voie le soleil illuminer ma route !
La trajectoire est abrupte
La nuit a pourtant porté conseil
Et l'éveil ne s'interdit plus la chose nouvelle
Trace amenant à la cime suprême
Où je voudrais rester, telle une statue de sel
En miroir, une joute, que je m'apprête à vaincre
Mon verbe sait quereller et surtout se révolte
La médiocrité ne saurait remporter
la dispute mythique des sages et des fous
&
Tragédie de l'enfer via le paradis
Quel est ton choix en fait ?
Enjamberas-tu le gouffre, l'abîme antagoniste
Suivras-tu la parabole ou l'allégorie ?
Vient de paraître Gris de peine par Sarah MOSTREL aux éditions du Cygne avec une préface de Maggy De Coster, en voici quelques extraits ci-dessous, ainsi que la préface de Maggy De Coster dévoilée avec son aimable accord, et les visuels du livre.
ISBN : 978-2-84924-792-1, 13 x 20 cm, 60 pages, 12,00 €
Présentation :
« Comment se passer de l’aube grandissante ? », écrit l’auteure de Gris de peine*. « Dans le noir, il est même possible de penser clair ». Face à la « sonate sans mouvement », Sarah Mostrel l’assure : « La fin est prometteuse. » En illustration, des esquisses qui dessinent le verbe, des encres qui s’étalent afin de mieux détour(n)er l’existence. Les tracés se font traces, et rendent grâce au temps, à la liberté d’être, d’aimer. « À quoi sert la poésie si ce n’est cheminer vers le rêve ? », se demande la poète qui fait « taire le silence ». Si « Je plie comme le roseau, quand j’aimerais être chêne », à nous d’atteindre « la cime suprême », et de franchir l’épilogue. « Vis et deviens / Ce que tu es / Ce que tu seras », plaide l’artiste. En épongeant les mots et recherchant l’épure, la plume du créateur donne au gris de sa peine des couleurs de lumière. « Et mon cœur qui renaît »
© Crédit photo : Quatrième de couverture du recueil de poésies «Gris de peine » de Sarah Mostrel aux éditions du Cygne, 2024.
Pages de référence :
http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-gris-de-peine.html et http://www.editionsducygne.com/Images/1couv_mostrel.jpg
© Crédit photo : Quatrième de couverture du recueil de poésies «Gris de peine » de Sarah Mostrel aux éditions du Cygne, 2024, Préface du livre par Maggy De Coster, deuxième page.
Extraits poétiques
&
Tu pensais que les voyelles n’avaient pas d’importance
Qu’il suffisait de points, de virgules, de traits
Pour dessiner la vie saturée de consonnes
Tu les louais sans fin, les scandant en refrain
Et la mer de se plaindre que les remous se tassent
Les teintes de l’écume ne colorent plus l’espace
Absente de couleurs, elle ne fait plus rêver
Sa platitude éteint les souhaits les plus chers
Et la marée s’enlise
Le lit du fleuve, mineur,
ordinaire, apparent
Perd ses adjectifs, à défaut de ses noms
Tu as enfreint les codes de toute la raison
&
Comment se passer de l’aube grandissante
Du matin amoureux des formes et du fond
Comment se départir de l’image hantante
De l’entente fusion qui animait nos jours
Comment se délester de cette nuit tombante
Quand est chue et déchue la passion de nous deux ?
&
À ma mère
La partie est perdue
La peine se souvient
de l’inquiétude ambiante qui épanchait au sein
de l’assemblée les affres de la finitude
La mort inéluctable a joué en retour
son rôle funeste, le tambour sonne grave
Les allées sans retour ont pris le pas
L’individu se presse
quand n’est pas entendable
La fin de la course
La marche funèbre
Le cortège en deux temps
Sonate sans mouvement
&
Un ciel nuageux parcourt mon esprit
Les oiseaux farouches bravent l’étrange
Pourrai-je comme eux dompter l’insoutenable ?
© Sarah Mostrel
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