À sauts et à gambades, de Cauda & Pichon,
Tout cet insignifiant lever de rideau, ce négligeable introït du jour auquel personne n'assiste, petit morceau de vie qui n'était qu'à nous deux. Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Je ne suis pas un polémiqueur ni un polémiste mais un polyniqueur. C’est pourquoi j’ai ramené les écrivains que j’ai choisis à ma stricte intimité : tous les livres sur lesquels j’écris sont non seulement ivres du moi mais du mien en particulier. Autrement dit, per causam sui intelligo id cujus essentia involvit existentiam, comme l’affirmait Spinoza, j'entends par cause de soi ce dont l'essence enveloppe l'existence ; et mon essence c’est écrire l’écriture.
Les portraits d’écriture que je dispense sont à l’image du lys que Tallement des Réaux offrit à la guirlande de Julie : ils ne prétendent à d’autre gloire que celle de couronner mes bonnes passions (à l’exception d’un seul qui porte haut la mauvaiseté). Ils sont l’expression de ma frivole liberté pour n’avoir de retenues d’aucune espèce. Et rien d’autre ! Voilà pourquoi.
Encore un mot. Vous remarquerez qu’au fil des portraits, il y a des vivants et il y a des morts. Oui, j’ai joué avec la lèvre des morts ! N’est-ce pas là, la douteuse rhétorique de la prosopopée ? Parler à la place que le mort n’occupe plus. En fait, on n’en a jamais fini avec lui. Et lui non plus, son mutisme se retrouve dans le visage du vivant qui l’écrit, en l’occurrence le mien retrouvé dans l’intimité que j’ai évoquée plus haut, mon autoportrait !
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