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Association  l'Ours Blanc

L'Ours Blanc est une association à but non lucratif de type "loi 1901", qui a pour objectif de regrouper 
des créateurs, artistes ou intellectuels d'expressions diverses, afin de faciliter la réalisation d'œuvres communes ou individuelles. L'Ours Blanc, 28 rue du Moulin de la Pointe, 75013 Paris

Notre ursidé Jacques Cauda dans MIRBEAU n°5

Publié le 21 Mai 2024 par Ours Blanc in Nos Ursidés publient

Notre ursidé Jacques Cauda dans MIRBEAU n°5

Je reçois à l'instant le MIRBEAU n°5 des Amis d'Octave Mirbeau. Il est magnifique, d'autant que Mirbeau par Cauda est en couverture ! Et la lecture de Florbelle (Editions Tinbad) par Olivier Rachet. Et, en sus, ma lecture de La Divine Mystification de Paul Vecchiali (Editions Douro/La Bleu-Turquin) que je donne ici :

Notre ursidé Jacques Cauda dans MIRBEAU n°5
" À la lecture de l’avant-propos du dernier roman de Vecchiali, quelque chose avait tinté en moi comme une petite clochette m’avertissant (mais) de quoi ? Les avant-propos du cinéaste sont toujours boxés, uppercutants ! Celui qui ouvre son autobiographie Le cinéma français émois et moi parue chez Libre et Solidaire en 2022, ne déroge pas à la règle. Il nous invite à regarder avec Paul le narrateur enfant le verbe chier, avec une attention toute particulière quand il s’agit des chats dont la merde est comparée à nos pensées : « Ils chiaient comme nous pensons quelquefois : l’œil fixe, légèrement plissé, pas du tout ironiques, ô paradoxe, pénétrés ! » La merde, comme nous refusons de le savoir, est la compagne de la lettre. « La merde ? tout y est écrit, comme dans un livre » souligne Dominique-Gilbert Laporte dans sa préface au Grand Mystère ou l’art de méditer sur la garde-robe, délicieux ouvrage de l’auteur so british Jonathan Swift. D’autant mieux qu’en anglais litter (l’ordure) est à une lettre près : letter (la lettre). Cette lettre/étron qu’il nous faut suivre à la trace, en fin limier nez au vent, si l’on désire percer le mystère caché dans l’avant-propos de la Divine Mystification. Dès les premières lignes, Vecchiali donne comme parents à son héros Jean-Claude, né le 21 août 1939, un père dénommé Gérard Fort-Couta et une mère dénommée Marie-Claude Treilhou. Autrement dit ou plus précisément autrement écrit : Gérard Frot-Coutaz et Marie-Claude Treilhou ! Bingo ! Je savais bien que j’avais déjà vu ces deux-là quelque part. Au générique des films que l’une comme l’autre avait réalisés. Je me souviens plus particulièrement de Simone Barbès ou la vertu, petit bijou qui raconte la solitude d’une ouvreuse qui travaille dans un cinéma porno, c’est-à-dire un peu la vie de Marie-Claude qui avait fait beaucoup de « petits boulots ». Vecchiali l’avait rencontrée à la faveur de Change pas de main dont les assistants-réalisateurs sont deux Jean-Claude, Guiguet et Biette. Film porno que Paul a réalisé en 1975 et qui avait bouleversé Marie-Claude, qui le lui avait écrit. Vecchiali précise dans son autobiographie qu’elle était l’amie de Frot-Coutaz ! Le tour était joué. Change pas de main, expression qui, à l’évidence sue la masturbation, allait devenir sous la plume d’un détournement, d’un tournage de sens, dont Paul a le mystère, un ensemble qui fait tache dans l’avant-propos. Le voici : « Lorsqu’il la pénétra avec moult précautions, Marie-Claude semblait inerte. En tout cas, lointaine, ne participant pas le moins du monde. Jusqu’au moment où il lâcha son sperme. » Qu’on se figure un écran déchiré dont les accrocs laisseraient fuir et s’épandre un imaginaire ligérien fait d’écoulements et de détournements divers. Ainsi va l’écriture de Vecchiali ! Mais avant cela, reprenons le cours de la D.M. D.M. pour Divine Mystification en regard de D.D. ainsi que P.V. initialisait Danièle Darrieux, sa muse.
Jean-Claude naît le 21 août 1939. Ce même jour le cardinal Verdier déclare : « Dieu veut sauver la France en obligeant la France de redevenir plus encore la France. » Pourquoi Dieu ici ? Parce qu’il va advenir quelques lignes après la naissance de J.C. Marie-Claude réussit à convaincre Gérard l’incroyant de l’accompagner à la messe. Et de la messe au Paradis la conséquence sera bonne. Et encore meilleure pour le Paradis tout de suite, comme le propose à Marie-Claude Gérard le fraîchement converti. Et hop aussitôt dit aussitôt fait ! Vecchiali les suicide ! Oui ! Ne reste que Jean-Claude comme point de départ de la saga familiale qui page après page étendra son lit, le mineur enlacé au majeur, jusqu’à nos jours.
Tout ce qui touche à Vecchiali est étrange sinon attaché à l’unheimlich. Unheimlich vient de Heim qui signifie « le foyer », « la maison », et introduit une notion de familiarité, mais il est aussi employé comme racine du mot Geheimnis, qu'on peut traduire par « secret », dans le sens de « ce qui est familier » ou « ce qui doit rester caché ». Comme cette anecdote : P.V. a habité pendant très longtemps une ruelle du Kremlin-Bicêtre, la rue Danton, au n°33. C’est là qu’il écrivait et tournait ses films. Maison, foyer, studio… Comme Eastwood se servait de sa maison de bois face au Pacifique. Et qu’apprends-je ce matin : qu’en 2022, le directeur de l’institut Montaigne a tenté de violer sa belle-sœur et ex-collaboratrice en glissant dans son verre une drogue de synthèse ! Et où habitait-il ce monsieur ? Au Kremlin Bicêtre, 33 rue Danton. C.Q.F.D.
Le secret ? Nous y voici. Dans Préludes et fugues qui constitue la seconde partie du livre, sorte d’autobiographie faite d’instants donnés, d’images fugitives, Vecchiali nous précise que : « Ce qu’il cherche, il en est certain, même si être certain de quoi que ce soit dans une telle confusion est évidemment ridicule, c’est d’éliminer, un par un, ceux de ces visages qui ne PEUVENT pas être le vrai : celui qui détient LE secret. »
Le secret du verbe au commencement du commencement ?… Foutre ? Chier ? Etc.
Matthieu Orléan : « Vecchiali s’intéresse à l’impureté, celle qui jaillit par la bouche, l’organe qui permet conjointement de chanter, parler, hurler, lécher et sucer. » Libération du 13 août 2003.
Oui, « de la musique avant toute chose » !"
 
Jacques Cauda
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