LE CERCLE FRANCOPHONE DE YANTAI SHANDONG CHINE
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UN AUTRE GRAND POETE DE LA DYNASTIE DES TANG : ZHANG RUO-XU ( 660-720 )
Bonjour , nous continuons cette semaine avec un autre grand poète des Tang : ZHANG RUO-XU . Il ne subsiste de son oeuvre que deux poèmes dont les titres sont : CHUN-JIANG- HUA -YUE-YE et DAI-DA GUI-MENG-HUAN.
" Le poème CHUN-JIANG-HUA-YUE-YE est une réussite exceptionnelle .Il possède de grandes qualités littéraires grâce à la richesse de son contenu chargé de pensées métaphysiques et de résonance humaine , à la puissance de ses images symboliques, à la cadence de ses phrases et à cette manière ingénieuse de présenter son poème , d'essence lyrique , comme un drame " . Citation de Maître FRANCOIS CHENG qui a consacré un mémoire à ce poème .
Le titre originel de cette étude est : " Analyse formelle de l'oeuvre poétique d'un auteur des Tang :ZHANG RUO-XU " : CHUN-JIANG-HUA-YUE-YE : " NUIT DE LUNE ET DE FLEURS SUR LE FLEUVE PRINTANIER " , par FRANCOIS CHENG , de l'Académie française .
Editeur L'ASIATHEQUE collection " Empreintes Chinoises "
NUIT DE LUNE ET DE FLEURS SUR LE FLEUVE PRINTANIER
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Au printemps les marées du fleuve rallient la mer ;
A la cime des marées se lève la pleine lune.
De vague en vague ,sans bornes , elle répand sa clarté;
Est-il un seul recoin qui n'en soit éclairé ?
Le fleuve coule enserrant les prairies qui embaument ;
La lune fait scintiller la forêt tout en fleurs.
Givres portés par l'air , au vol inaperçu ;
Sable blanc des îlots , invisible au regard.
Fleuve et ciel ne font qu'un , teinte unique et sans tache.
La lune en plein éclat ,roue solitaire , là-haut .
De la rive, qui la vit pour la première fois ?
Lune de fleuve , depuis quand luit-elle pour les hommes ?
Vie humaine, d'âge en âge ardemment poursuivie;
Lune de fleuve tous les ans pareille à elle-même .
Comment savoir qui donc est l'être qu'elle attend ?
Ce que les hommes voient :l'eau que le fleuve envoie !
Un pan de nuage blanc vogue vers le lointain;
Sur les verts sycomores , que de mélancolie!
Quel voyageur de nuit dans son précaire esquif?
Quel logis sous la lune où l'on songe à l'absent ?
Hélas, sur le logis , la lune va et vient
Eclairant le miroir de femme esseulée.
Le rideau des croisées s'enroule sans l'écarter ;
Sur les pierres à linge ,elle reste ,immuable.
C'est l'heure où ,à distance , on se voit , sans s'entendre ;
" Je veux suivre la lune et m'épandre sur toi."
Oie sauvage , au long vol ,n'apporte nul message;
Poisson-dragon , nageant , ne fait que rider l'eau .
" Hier soir près de l'étang , j'ai vu les fleurs échoir.
Le printemps mi-passé , ne t'en reviens-tu pas ? "
Le fleuve coule , avec les eaux , s'écoule le temps;
L'étang capte la lune qui vers l'ouest déjà penche.
Penchée, la lune se fond dans la brume marine ;
Infinie est la route de Chieh-shih à Hsiao-hsiang.
Ah, combien reviendront sous l'ultime clarté ?
En tombant la lune touche les arbres du long fleuve.
ZHANG RUOXU ( traduction de FRANCOIS CHENG )
Michel Humbert
29 Juillet 2022
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