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Association  l'Ours Blanc

L'Ours Blanc est une association à but non lucratif de type "loi 1901", qui a pour objectif de regrouper 
des créateurs, artistes ou intellectuels d'expressions diverses, afin de faciliter la réalisation d'œuvres communes ou individuelles. L'Ours Blanc, 28 rue du Moulin de la Pointe, 75013 Paris

La Fabrique des Pandémies, par notre ursidée Camille Aubaude

Publié le 24 Avril 2022 par Ours Blanc in Textes libres, Cinéma

La Fabrique des Pandémies, par notre ursidée Camille Aubaude

La Fabrique des Pandémies de Marie-Monique Robin.

Avec Juliette Binoche.

Musique d’Emily Loizeau.

 

Le jour de la mort de Jacques Perrin, si profondément humain, j’ai vu en avant-première dans le grand auditorium de l’UNESCO le film de Marie-Monique Robin, La Fabrique des Pandémies, qui va être diffusé sur la chaîne Ushuaïa, le 22 mai 22, puis présenté en salles au cours d’un tour de France.

C’est un documentaire sur l’exploitation dramatique de la Nature par les êtres humains.

« Un film nécessaire, fort réussi », ai-je dit à la réalisatrice-journaliste ET passionnée de poésie. Elle accomplit un tour de force : créer une triade féminine qui, entre rythme et mystique, mène une quête de vérité pour proposer un monde mieux équilibré. La réalisatrice, l’interprète et la musicienne forment une union libre et spontanée, qui a la beauté d’une villa de Tanger aux persiennes baissées pour se protéger d’une chaleur devenue vertigineuse.

L’actrice correspond à ce que le public attend d’une actrice : jouer et se jouer passionnément des conventions. Juliette Binoche est belle, son rire est ravissant, elle est vêtue avec élégance et propose « un moyen de se récréer »  le corps et la santé. Le message de la fin, où elle demande un changement de mode de vie est d’autant  plus fort qu’elle est réellement engagée pour la justice et la liberté. « Bouger », il faut bouger…

Le film expose diverses solutions pour arrêter la déforestation, dont la façon de vivre des Massaï. Dans un contexte absolument désespérant, ce mode de vie multi millénaire, respectueux des autres et de l’univers, prend des allures libertaires, alors qu’il devrait être la norme.

L’actrice-exploratrice dit son texte avec une parfaite maîtrise, et exprime de charmante manière les émotions. Les mots à la mode qui, à eux seuls, véhiculent la marchandisation scientifique de la planète interviennent de façon utilitaire, et non irrémédiable. Même ce « passeuse de sciences »… Sus au nouveau sirupeux catéchisme !

La réalisatrice a conçu le personnage de la néophyte qui questionne les scientifiques pour marquer un accomplissement dans le dialogue entre les arts et les sciences — idée qui ne date pas d’hier. La compositrice Emily Loizeau, d’une discrétion de bon aloi, devient l’une des plus justes interprètes de la catastrophe écologique à laquelle nous assistons impuissants (voir Qu’est-ce qu’on attend ? de Marie-Monique Robin, 2016). La solution est pourtant simple : créer de plus en plus de zones où l’être humain laisse exister en paix les règnes végétal et animal. Le mouvement à la fois éphémère et éternel de mon Voyage en Orient offre un exemple de ce genre d’expérience, entre poètes.

La « bonne idée » de ce profond documentaire écologique est de délivrer un message d’amour, à travers une mise en scène d’acteurs tous bienveillants, tous compétents, unis dans les pays du monde pour soigner. Le plan que j’ai trouvé le plus émouvant montre l’expression d’amour d’une Malgache devant un animal de la grosseur d’un rat, un lémurien aux immenses yeux d’or, quasi irrémédiablement « en voie de disparition ».

 

Camille Aubaude

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