Mère et miroir
mémoire morte
le vent du soir
très loin l’emporte.
Le goût amer
du sombre oubli
-ô vaste mer ! –
passé meurtri.
Je voudrais que tu te rappelles
les grands moments de notre vie
et les petites ritournelles
que nous chantions à l’infini,
la lecture des « Pauvres gens »
que tu me faisais chaque soir,
quand j’étais encore une enfant.
Livres passion, livres miroirs,
Alice au pays des merveilles,
temps retrouvé, contemplations,
un amour des mots qui s’éveille
jardins fabuleux, tourbillons.
Tu étais souvent tyrannique,
voulant me dompter comme un fauve,
Il t’arrivait d’être hystérique,
terrible en tes métamorphoses.
Tu savais me percer au cœur
mais souvent tu me rassurais,
et malgré tes sautes d’humeur
nous nous sommes beaucoup aimées.
Miroir brisé
soleil perdu
vie éclatée
cerveau tordu.
Tu es partie vers l’autre rive,
celle des êtres égarés,
rageurs et furieux de vivre,
destructeurs et désespérés.
Je ne te reconnaissais plus,
tu m’agressais, tu te plaignais,
tu t’ouvrais à des inconnus,
et menaçais de te tuer.
Tu n’es plus celle que j’aimais
que je croyais forte et solide
la montagne s’est effondrée
le volcan n’est plus qu’un cœur vide,
le navire est déboussolé,
loin de la mer et hors du temps.
Les souvenirs sont effacés,
tu regardes d’un air flottant
on ne sait quoi dans un ailleurs
improbable et noyé de brume.
Tu n’as plus ni joies ni malheurs,
ni souvenirs, ni amertume.
Seule la poésie t’emporte
dans les champs de fleurs de la vie,
les mots et les sons te transportent
et tu regardes l’infini.
DGL
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