Le BERRY Républicain - Centre-ville
La Maison de la presse de Vierzon, un lieu à part qui est en difficulté VIERZON VIE PRATIQUE - CONSOMMATION
Annie Vigier, Stéphane Mousset et Jean-François Jacq font partie des premiers clients et amis venus apporter leur soutien à Jean Catinaud. Photos Pierrick Delobelle
La Maison de la presse est un commerce pas comme les autres. On s’y retrouve pour acheter ses journaux, ses livres et sa papeterie. Et aussi pour commenter la vie locale. Les habitués s’inquiètent de son placement en redressement judiciaire. La nouvelle est arrivée sans crier gare, un jeudi matin, provoquant le coup de gueule du patron. Un Salon du vin et du polar se prépare, mis en place par la municipalité, pour le 17 mars. L'événement a été décidé sans consulter les libraires qui organisent, depuis six ans, le Salon du livre de Vierzon, en novembre.
Placé en redressement judiciaire - Chacun y va de son commentaire, comme tous les matins, à la Maison de la presse. Jean Catinaud, à la tête du magasin, est quand même convié à participer au Salon. Un peu tard, vexé. Que pensent les commerçants du projet de réaménagement de l'îlot Brunet Rollinat ? Mais, ce jour-là, les clients, dont les plus fidèles sont aussi des amis, sont préoccupés par une information autrement plus grave : ils viennent d'apprendre que le commerce est en redressement judiciaire (*). C'est la consternation.
« Ici, c'est une vraie démocratie, on va faire quelque chose, créer un collectif de soutien », s'emballe Jean-François Jacq, écrivain vierzonnais. Il envisage un rassemblement, avec tous ceux qui ne veulent pas voir disparaître ce magasin dans le centre-ville déjà sinistré. C'est un commerce pas comme les autres, un lieu de rencontres et de débats. À la Maison de la presse, à deux pas de la mairie, les infos du jour et les potins circulent. On pousse des coups de gueule et ça fait du bien. Andrée Brin, ancienne libraire qui a transmis le rayon presse à Jean Catinaud, se souvient : « J'adorais, le matin, quand les clients venaient acheter les journaux. On commentait l'actualité, tout le monde n'était pas d'accord ! »
« Les pouvoirs publics peuvent agir » - L'inquiétude est réelle. Stéphane Mousset, qui dirige une entreprise locale, croit savoir que « dans neuf cas sur dix, le redressement judiciaire se termine par une fermeture ».
Annie Vigier, chef d'entreprise récemment retraitée, est venue, elle aussi, manifester son soutien : « En tant que consommateur, il faut se poser la question. Je suis consciente de ne pas toujours prendre le temps de venir acheter en centre-ville. » Si la baisse du chiffre d'affaires était déjà constatée depuis plusieurs mois, elle s'est accélérée depuis les travaux de l'îlot Brunet-Rollinat, dans la même rue que le magasin. « Ils durent trop longtemps », souffle Jean Catinaud, très marqué par ses difficultés. Comme tous les commerçants, il sait que lorsque la clientèle a passé son chemin, elle revient difficilement.
Un commerce qui fait vivre quatre personnes... et qui nécessite d'être soutenu - Dans la boutique, entre deux rayons de magazines, on s'interroge sur la manière de soutenir ce commerce qui fait vivre quatre personnes. « Les pouvoirs publics peuvent agir », suggère Stéphane, évoquant les achats en papeterie.
Pour se maintenir, la Maison de la presse a besoin de ses trois activités : les journaux et magazines, la librairie et la papeterie. « L'une sans les autres n'est pas viable », confirme le patron, le nez dans le guidon, obligé de fournir des comptes de résultats tous les deux mois, pour le tribunal de commerce.
L'ancienne libraire Andrée Brin cultive sa passion pour les auteurs Pendant ces échanges, les clients continuent de défiler, plus motivés que jamais. À l'image de cet habitant d'un village voisin, qui parcourt 50 kilomètres à vélo chaque jour… Sans oublier un détour par la Maison de la presse pour acheter son Berry républicain !
(*) Une période de six mois d'observation a été ouverte, le 9 janvier, par le tribunal de commerce de Bourges, bloquant les dettes, afin de permettre à la Maison de la presse de rétablir sa situation financière.
L'équipe. Pour tenir le magasin devenu Maison de la presse depuis son installation rue Voltaire, en 2007, précédemment librairie papeterie Burotique 2000, avenue de la République, Jean Catinaud est entouré de trois salariées : Cécile, que les clients voient à la caisse du rayon presse, côté rue Voltaire, depuis seize ans ; Valérie, à la papeterie côté place Fernand-Micouraud, est la plus ancienne de l’équipe. Elle travaillait déjà il y a trente ans pour Madame Kuntz, avenue de la République ;
> Nadine, au rayon livres depuis plus de dix ans, était déjà salariée du père de Jean Catinaud qui tenait le magasin Majuscule, à Bourges. Elle avait été embauchée, en 1984, par les grands-parents de son patron actuel. Une histoire de famille que Jean Catinaud n’a pas envie d’interrompre brutalement.
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